La Droujba 友谊

Voilà longtemps que je guettais l'occasion d'acheter une Droujba (дружба, 友谊, que les anglais transcrivent Druzhba et qui signifie "Amitié"). C'est une marque de la Fabrique de Montres de Tchistopol produite de 1954 à environ 1960 (la mienne date de 1955).

Son mécanisme est une variante à 17 rubis du Pobeda 32ЧН à 15 rubis dont la référence est 455ЧН.


Elle a été conçue spécifiquement pour la première exposition des réalisations culturelles et économiques de l'URSS à Beijing, et plus tard vendue sur le marché chinois. C'est en 1952 que des experts soviétiques ont suggéré qu'un tel événement soit organisé en Chine et que, dans ce but, un lieu d'exposition approprié soit construit dans la capitale de la nouvelle République populaire. Le comité central du Parti communiste chinois publia une directive soutenant la construction d'une structure conçue par les Soviétiques, qui permettrait à la Chine «d'étudier et d'acquérir plus efficacement les expériences du socialisme soviétique».


Une affiche de l'époque: "Etudions les technologies avancées de l'Union soviétique, construisons notre patrie!"

La maquette du projet

L'ouverture de l'exposition

Peng Zhen, le maire de Beijing, fut nommé à la tête du groupe en charge du projet. Les travaux de construction ont commencé en octobre 1953 et, avec la contribution matérielle de plus de vingt provinces et villes chinoises. Les travaux ont été achevés en septembre de l'année suivante. Le projet global, qui comprenait un marché et un hôtel de conception chinoise à proximité, fut entièrement financé par le gouvernement chinois.
Le hall d'exposition est de 132.000 mètres carrés, les bâtiments principaux étant de 88.500 mètres carrés avec un pinacle de 85 mètres coiffé d'une étoile rouge. Les halls sur le côté ouest du complexe étaient pour des expositions agricoles, ainsi que des bâtiments pour le cinéma de 900 places et le restaurant "Moscou". Le côté oriental présentait des réalisations culturelles avec des espaces d'exposition consacrés à l'édition et aux arts ainsi qu'un théâtre situé à l'arrière du complexe. Etaient aussi prévus des dortoirs pour le personnel d'exposition (quatre bâtiments de trois étages qui pourraient accueillir 1000 personnes), une cantine, une salle de danse, un quai pour les bateaux et des installations de stockage.


L'ensemble de l'exposition

Le pavillon d'entrée avec, sur son fronton, une calligraphie de Mao Ezdong

Un timbre consacré à l'exposition soviétique de 1954

La première exposition dans ce complexe fut montée d'octobre à décembre 1954 et présentait les réalisations économiques et culturelles de l'Union soviétique. Par la suite, d'autres expositions eurent lieu (sur l'utilisation pacifique de la technologie nucléaire dans l'Union soviétique, sur les réalisations socialistes de la Tchécoslovaquie, sur les produits japonais, sur l'art egyptien, et des expositions de produits d'origine nationale. En accord avec une directive du premier ministre Zhou Enlai la structure a été rebaptisée "Beijing Exhibition Hall" (北京展览馆) en septembre 1959.

Il y a deux variantes principales de la montre Droujba, avec le même boîtier octogonal que l'on trouve sur les Raduga de la même époque, l'une avec les drapeaux soviétique et chinois, l'une sans. Les voici dans la collection de Dashiell:


Toutes deux se déclinent avec des effets métallisés différents sur le cadran ou avec des boîtiers plaqués or, et toutes deux présentent une image (un peu approximative) de la Cité Interdite.


il me reste à vérifier la radioactivité éventuelle des aiguilles...

Merci Hanoi, encore de belles infos.

Bravo
Toujours des sujets passionnants qui donnent (hélas) l'envie de se procurer les montres concernées

A chaque lecture d'un de tes articles j'ai toujours une folle envie de ne me procurer plus QUE des montres datée d'avant la fin de l'URSS. C'est grave ?

Merci pour toutes ces incursions dans l'histoire de l'industrie horlogère soviétique !